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vendredi 27 novembre 2015

De Gré ou de Force...

DE GRÉ OU DE FORCE.


CES WALLONS QUI ONT COMBATTU POUR L'ALLEMAGNE.


Ils parlaient le wallon depuis toujours et pourtant c’est bien pour la Prusse et puis pour l’Allemagne qu’ils ont combattus. Contraints ou consentants ? 



Réalisation :     Frédéric Moray.
Illustrations :   Olivier Pirnay,  - www.olillustrateur.be

Photos :            Archivothèque de la Haute Ardenne
Images :           Julie Dohet.


La question concerne toutes les personnes qui, dans ces conflits, se sont retrouvées de l’autre côté. 
En ces périodes de commémoration de la première et de  la seconde guerre mondiale, notre rédaction propose une série sur le cas particulier des villes de Malmedy et Waimes, durant ces conflits. 


Communes frontalières de l’Allemagne, 

  • elles étaient Prussiennes en 1914, 
  • Belges entre 1919 et 1939, 
  • Allemandes après annexion en 1940 
  • et à nouveau Belges en 1945.


Accusées de collaboration à la fin de la guerre 1945, puis reconnues comme victimes, ces populations ont  payé un lourd tribu dans ces guerres qui les ont dépassées.


Aujourd’hui encore, ce n’est pas  évident pour ces „nouveaux Belges“ de faire comprendre à leurs enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants qu’ils ont combattu pour l’ennemi de la Belgique. 

Un passé méconnu, dont on ne parle pas en Belgique et très peu dans cette région.


Pourtant, en cette année (2014) de commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, Malmedy et Waimes ont décidé de se souvenir au travers de l’exposition "la Wallonie Prussienne sous les ordres du Kaiser" au sous-titre explicite : 


"Levons le voile sur notre histoire particulière".

C’est le point de départ de ce reportage radio qui, par divers témoignages, essaye de comprendre l’héritage laissé par ce passé tumultueux.


Entre les mots d’un Malmédien enrôlé dans l’armée allemande et ceux d’un Waimerais qui a préféré fuir plutôt que de se battre pour le Führer, on comprend la complexité d’un choix qui s’est posé à toute la Belgique de l’époque : collaborer ou résister.

Être wallon et loyal au kaiser n'est pas une contradiction.





Ayant déclaré la guerre à la France et voulant prendre ses troupes à revers, l’Allemagne envahit la Belgique le 4 août 1914. 
À Malmedy et à Waimes, où l’on parle Wallon la guerre se fera sous les ordres du Kaiser. 

Video 1.

Cent ans auparavant, suite au Congrès de Vienne de 1815, la région était devenue prussienne. 
Juin 1919. 

Video 2.

Le traité de Versailles la Belgique reçoit les Cantons de l’Est en récompense de son engagement durant la première guerre mondiale. 
La population locale n’aura pas vraiment son mot à dire.

1919-1940, 20 ans pour devenir belge.


Rgt. von Horn N° 27



En 1919, le traité de Versailles offre les Cantons de l’Est à la Belgique, pour les services rendus durant la guerre. 
Une consultation populaire est organisée, mais ne tient pas vraiment compte de l’avis des habitants de cette région. 
Ces nouveaux Belges s’intègrent progressivement, mais le parti qui prône le rattachement à l’Allemagne, piloté depuis Berlin, reste majoritaire jusqu’au début de la seconde guerre mondiale.  

Video 3.

La population se divise, même dans les deux communes francophones de Malmedy et Waimes. 
Le 18 mai 1940, Hitler annexe les Cantons de l’Est à l’Allemagne. 

Video 4.

Contrairement au reste de la Belgique occupée, les populations de ces régions doivent prendre la nationalité allemande et rejoindre les troupes de la Wehrmacht.
Le 23 décembre 1944, Malmedy libérée par les forces alliées, va connaître le début de l’une des pages les plus sombres de son histoire. Durant trois jours, 

D’un camp à l’autre.


Bombardements (3) américains de Noël 1944. alors que les troupes U.S. occupaient Malmedy.

Le 18 mai 1940, Hitler annexe les Cantons de l’Est à l’Allemagne. 
Contrairement au reste de la Belgique occupée, les populations de ces régions doivent prendre la nationalité allemande et rejoindre les troupes de la Wehrmacht. 
L’annexion ne sera jamais reconnue par la Belgique. A la libération, ces "enrôlés de force" seront considéré comme des collaborateurs. 



Paul avait 17 ans en 1940. 
Il a tenté d’échapper à l’enrôlement de force par tous les moyens. 
Franz avait lui 22 ans. 
Il entame la guerre dans l’armée belge, mais il sera contraint de rejoindre le front russe pour combattre aux côtés des troupes allemandes. 

Video 6.

A l’entame de la seconde guerre mondiale, le malmédien Franz Justin, né prussien en 1918, devenu Belge en 1919, porte l’uniforme belge et se bat contre l’envahisseur allemand. 
Mais après l’annexion, il est rattrapé par sa nouvelle nationalité. 
Dès 1942, il rejoint les troupes de la Wehrmacht. 
A la libération, en tant qu’enrôlé « de force », il sera d’abord condamné puis reconnu comme victime du régime nazi. 

Résister ou être enrôlé?




Les Cantons de l’Est redevenus allemands dès le 18 mai 1940, les populations tentent de s’adapter à ce nouveau changement. 



On assiste alors à trois types de réactions : la majorité se soumet aux obligations de cette nouvelle réalité, d’autres y trouvent leur compte et rejoignent volontairement les rangs des nazis, les troisièmes tentent de fuir ou de résister.

Video 8.

Paul avait 17 ans en 1940. 

Il a tenté d’échapper à l’enrôlement de force par tous les moyens. 
Franz avait lui 22 ans. Il entame la guerre dans l’armée belge, mais il sera contraint de rejoindre le front russe pour combattre aux côtés des troupes allemandes. 
Anne-Marie fuit la région avec ses parents. 
Ils aideront les réfractaires de l’armée allemande à se cacher. 

A la fin de la guerre, les populations des Cantons de l’Est sont déchirées. 
Pro-Allemands, pro-Belges, enrôlés de force, volontaires, résistants, tout ce monde se côtoie sans discernement. 

Au terme de la guerre, le résistant Paul Dandrifosse a fait partie des personnes qui ont défini le terme "d’enrôlés de force". 
Aujourd’hui encore, il réclame la plus grande indulgence pour ces victimes du régime nazi. 

Le temps de la reconstruction.





A la libération, les « enrôlés de force » sont d’abord considéré comme des collaborateurs, avant d’être reconnus victimes du régime nazi. 
Dans les villes et villages, la population est divisée. 
Personne n’oublie le rôle de son voisin dans cette guerre. 





Mais il faut continuer à vivre ensemble, alors la guerre tombe dans l’oubli. 
On en parle plus. Aujourd’hui encore, l’histoire de l’annexion ne se trouve pas dans les manuels scolaires.

Video 10.



La Belgique n’a jamais reconnu l’annexion des Cantons de l’Est par l’Allemagne. 
Aujourd’hui encore, certains se battent pour obtenir cette reconnaissance et que cessent certains préjugés sur cette région. 



Christoph BRÜLL, Dr. en Histoire à l’université d’Iena en Allemagne et chercheur à l'Université de Liège explique pourquoi, cette annexion n’a jamais été acceptée officiellement.


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